Alors que l'État recherche de nouvelles marges budgétaires, la Maison de l'Amérique latine (MAL) illustre les dérives d'une gestion subventionnée mais largement soustraite au contrôle public comme en témoignent les révélations du Figaro Magazine.
Caramba ! La situation de la Maison de l'Amérique latine (MAL) constitue un exemple de gouvernance étatique défaillante.
Dès mars 2025, Le Figaro Magazine dénonçait la gestion « opaque et contestable » de cette institution fondée en 1946 afin de favoriser les échanges diplomatiques entre la France et les nations d'Amérique latine.
Depuis, côté gestion, rien n'a changé.
Cette association occupe sur le boulevard Saint-Germain un magnifique ensemble immobilier, propriété de la Banque de France, de 900 m² et son parc privé d'un hectare.
Premier dysfonctionnement repéré par Le Figaro Magazine : la sous-représentation de l'État qui ne dispose que d'un siège au sein du conseil d'administration de l'Association pour la Fondation France-Amérique latine, alors que (selon les statuts), « huit sièges de droit » sont à sa disposition.
Gouvernance à éclipses : sous la présidence d'Alain Rouquié (2003-2024), les ministères membres de droit ont progressivement cessé d'être convoqués aux assemblées générales de la MAL, à l'exception du Quai d'Orsay, relate l'hebdomadaire.
Cette mise à l'écart des administrations a facilité des décisions prises dans un cercle restreint, dont la désignation de Jean-Marc Laforêt, ancien ambassadeur au Venezuela, élu à la tête de la MAL en remplacement d'Alain Rouquié, en juin 2024.
La dérive de la MAL est également financière.
À partir de 2004, la subvention publique versée à l'association a été systématiquement maintenue en deçà du seuil de 153 000 euros, niveau en dessous duquel une association n'a pas l'obligation de publier ses comptes.L'État subventionne, mais les contribuables n'ont pas le droit de savoir où passe leur argent.
Ni budget (global, ressources, subventions, adhésions, locations, mécénat, dépenses, etc.), ni composition du conseil d'administration, ni rapports d'activité n'ont été rendus publics depuis près de vingt ans !
La vocation culturelle du site a été progressivement marginalisée au profit d'activités lucratives, relève Le Figaro : locations de salles pour « mariages ou colloques », mise à disposition de bureaux à diverses entreprises, et exploitation d'un restaurant devenu une adresse prisée des parlementaires.
Cette accumulation de défaillances souligne le manque de contrôle exercé par l'État sur une institution qu'il finance.
Selon un diplomate latino-américain cité dans l'enquête du Figaro Magazine conduite par Charles Jaigu, la question est désormais de savoir « qui protège cette institution ».
A terme, certains évoquent la possibilité d'une vente par la Banque de France, propriétaire des lieux, ou d'une redéfinition complète de la mission publique assignée à la MAL.
Contribuable Associés
https://contribuablesassocies.org/2025/12/09/maison-de-lamerique-latine-ou-passent-les-subventions-publiques/





